Actualités

LES CIMETIÈRES À DOLE : TOUTE UNE HISTOIRE

Au cours des siècles, la Ville de Dole  a vu ses cimetières se métamorphoser. Entre relocalisations et évolutions, ces sites riches en histoire conservent de nombreux secrets au-delà de leur symbolique permettant aux vivants de rendre hommage à la mémoire des défunts.

Au XVIe siècle, les inhumations se font dans le cœur de la ville, le long de la façade sud de la Collégiale Notre-Dame. Les curés et les grandes familles bénéficient du droit, fort prisé, de se faire enterrer au sein même de la Collégiale, au plus près de l’autel. La déclaration royale de Louis XVI, le 10 mars 1776, constitue la première tentative d’expulsion des sépultures hors des villes : “Les cimetières qui, placés dans l’enceinte des habitations, pourraient nuire à la salubrité de l’air, seront portés, autant que les circonstances le permettront, hors de la dite enceinte…”. À la fin du XVIIIe siècle, le cimetière, saturé et présentant des risques pour la salubrité publique, est alors déplacé en un autre emplacement de la ville.

L’hygiène au cœur des débats

Pour des questions d’hygiène et de place, la municipalité décide ainsi d’ériger un nouveau cimetière en périphérie de la vieille ville, à l'emplacement de l’actuelle école Wilson, anciennement Porte de Besançon. Le cimetière doit être plusieurs fois agrandi, dans les années 1830 puis 1860. Après la guerre de 1870-1871, la ville cherche un nouveau champ de repos. Le 25 novembre 1873, elle procède alors à la relocalisation de son cimetière dans le nord de la ville. C’est en 1875 qu’eut lieu la première inhumation au cimetière Nord, avenue de Landon. Ce cimetière a été agrandi une première fois après la guerre 1914-1918, et poursuit son élargissement selon les besoins, notamment en 1980.

Des monuments funéraires dolois remarquables

Émile Bernard, cuisinier du roi de Prusse est né le 5 avril 1826 à Dole. Issu d’une famille de bouchers et restaurateurs, il devient cuisinier. Il raconte dans ses mémoires qu’un jour, alors qu’il travaille au Grand Hôtel de Lyon, un client demande à voir le chef de cuisine. Il se présente et rencontre ainsi le Roi de Wurtemberg, qui lui propose de venir travailler pour lui à Stuttgart.

Quelques années plus tard, il est repéré par Guillaume – futur Roi de Prusse et futur Empereur d’Allemagne, qui lui propose de l’accompagner à Berlin. Il prépare alors le repas du couronnement de Guillaume comme roi de Prusse en 1861, puis le banquet de la victoire de la Prusse sur la France, en 1871… prenant soin de faire placer des fleurs bleues, blanches et rouges sur la table !

Son tombeau au cimetière Nord, sculpté dans un marbre blanc par un artiste niçois, représente le portrait du chef cuisinier fixé sur une haute croix, au pied de laquelle un ange éploré dépose une couronne.

À droite du monument, un banc également de marbre permettait à sa veuve “inconsolable” – d’après l’épitaphe – de méditer et de prier.

Jules Maurice Gaudard-Pacha est né en 1821. Avocat de formation, ce fils de cultivateurs d’Azans entre dans la fonction publique. Appelé en Égypte pour devenir chef d’un bureau du contentieux au ministère des Affaires étrangères, il reçoit le titre de pacha (général) en 1875. Il envoie à la France un Coran du XIVe siècle orné d'enluminures multicolores mesurant près d’un mètre de haut. Conservé à la Médiathèque de Dole, il s’agit du plus grand Coran du territoire français.

Gaudard-Pacha revient en France en 1882 après la prise de l’Égypte par les Anglais. Il meurt en 1888 à Dole et repose au cimetière Landon, dans un impressionnant mausolée inspiré de l’Antiquité égyptienne, couvert de hiéroglyphes et gardé notamment par deux sphinx.

Pour Jean-Philippe Lefèvre, Conseiller municipal délégué, chargé des Politiques culturelles et patrimoniales : “L'insolite n'est jamais loin quand il s'agit de Patrimoine.  Il faut savoir sortir des “Classiques” pour s'aventurer dans les “Mémoires d'outre-tombe“. “

ÉVÉNEMENT :

Le samedi 13 Mai 2023, dans le cadre du « Printemps des Cimetières », venez assister à un Rendez-vous du Patrimoine sur le thème « Découverte de la symbolique funéraire du cimetière de Dole ».
Deux créneaux possibles de 10h à 12h ou de 15h à 17h.
Sur réservations à patrimoine@dole.org